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Les ambassadeurs de l'Institut Louis Germain
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Au cœur des Rencontres de l’Excellence

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Cette année, et pour la première fois depuis 2019, les Rencontres de l’Excellence de l’Institut Louis Germain ont eu lieu à Paris. Parents, élèves et anciens élèves, professeurs, élus locaux et mécènes se sont donné rendez-vous au Philanthro-Lab pour une soirée riche en émotions et un événement une nouvelle fois placé sous le signe de l’excellence.

23 juin 2025. La fin de la journée approche. Sur les quais de Seine, en face de Notre-Dame-de-Paris, des hordes de touristes se déplacent sous un soleil de plomb. Une chaleur d’étuve qui contraste avec la fraîcheur des salles de l’Hôtel particulier de la Bûcherie, siège du Philanthro-Lab et joyau architectural du XVe siècle. 

Il est 18h30. Les invités sont attendus dans une heure. À peine a-t-on franchi la porte qu’une table couverte de livres aimante les regards. Le Lion de Joseph Kessel, En attendant Godot de Samuel Beckett, Noces d’Albert Camus, Alcools de Guillaume Apollinaire, Un barrage sur le Pacifique de Marguerite Duras, Le temps de l’innocence d’Edith Wharton, La Diane française et Les yeux d’Elsa de Louis Aragon, Les Liaisons dangereuses de Laclos, Bérénice de Racine, Les cerfs-volants de Romain Gary, Le hussard sur le toit de Jean Giono, 1984 de George Orwell, Discours de la servitude volontaire d’Etienne de la Boétie… Autant de chefs-d’œuvre qui ont été « lus par les élèves », comme le rappelle le coup de tampon appliqué sur chaque ouvrage par Julien Puel, fondateur et Directeur Général de l’Institut Louis Germain, et ses équipes. « La langue française, la lecture et l’accès aux grandes œuvres littéraires sont au cœur de l’action de l’Institut Louis Germain », explique celui que les élèves surnomment chaleureusement M. Puel en veillant aux derniers préparatifs. 

Lus par les élèves

Un accent chantant envahit soudain la salle de conférence de l’Hôtel de la Bûcherie. Un groupe de parents et d’élèves a fait le déplacement depuis Marseille. Il y a Moina Fatima et Fayma Youssouf, toutes deux en Terminale, leurs parents et Alan Idjahnine, un ancien qui passe en troisième année de Génie chimique – Génie des procédés à l’Université d’Aix-Marseille et souhaite « aller le plus loin possible. » « Nous sommes partis à 8h du matin. Ils ont pu se promener dans Paris. Ils en ont profité pour aller au Louvre. Ça a été une belle journée », se félicite Sacha Caillaud, superviseur du campus de Marseille, qui guide et veille sur cette joyeuse troupe. 

Fayma Youssouf

Fayma a repéré les piles de livres. D’un geste décidé, elle attrape En attendant Godot, l’examine avec attention, mais elle ne le met pas dans son sac : « C’est l’un des premiers livres que j’ai lus d’une traite, lors d’un campus de l’Institut Louis Germain. Ça m’avait complètement emportée. » En attendant le début de la cérémonie, Loutfia, la maman de Moina, mesure le chemin parcouru par sa fille : 

Je me souviens de la première réunion dans son collège. Et maintenant, on est là ! Depuis qu’elle a rejoint l’Institut Louis Germain quand elle était en classe de 6ème, elle ne nous a pas déçus. Elle a eu le courage d’y aller à chaque vacances. Elle a eu son brevet avec mention Très Bien. Maintenant, après sept ans dans le tutorat d’excellence, elle prépare son Bac et elle veut devenir médecin urgentiste. C’est la fierté de la famille.

À l’autre bout de la salle, un homme révise ses fiches. Philippe Guguen est un habitué des Rencontres de l’Excellence. Il en a organisé les quatre premières éditions marseillaises. Ce soir, il s’apprête à enfiler le costume de M. Loyal. « Cela fait trois ans que des campus sont organisés en région parisienne. C’est bien de se retrouver ici, à Paris, pour prendre un peu de recul, faire le point sur la dynamique de l’association et mettre en lumière sa richesse : les élèves et les professeurs », confie-t-il quelques instants avant que les choses sérieuses ne commencent. « C’est le seul moment où tous les acteurs de l’Institut Louis Germain sont réunis. Le faire ici a du sens pour des raisons de développement territorial. Même si la plupart des intervenants de ce soir sont Marseillais, c’est une manière de transmettre », confirme Rodrigue Coutouly, le président du Conseil d’Administration.

Rencontres de l'Excellence

Plus d’une centaine de personnes se massent désormais dans la salle. Il y a des élèves, des parents, mais aussi des professeurs, des élus locaux, un ancien ministre de l’Éducation nationale, les membres du Conseil d’Administration, des sympathisants, des curieux, des mécènes de la première heure et peut-être même de futurs mécènes. « L’Institut Louis Germain, c’est comme une grande famille », dit Fayma. Les professeurs et les élèves se retrouvent comme s’ils ne s’étaient jamais quittés. On prend des nouvelles du Bac et des résultats de Parcoursup. On se remémore des souvenirs des campus, déjà peut-être avec une pointe de nostalgie. 

L’heure tourne et le maître de cérémonie invite la foule à prendre place. Avant de s’asseoir, les invités s’emparent du livret Portraits d’élèves et témoignages d’anciens. Créé en 2014, l’Institut Louis Germain accompagne aujourd’hui près de 1 000 collégiens et lycéens, de Marseille et d’Île-de-France, scolarisés dans le réseau d’éducation prioritaire, sur le parcours long et exigeant qui peut les mener vers des cursus universitaires prestigieux et sélectifs. 1 000, c’est un chiffre. Mais celui-ci ne doit pas occulter l’épaisseur de chaque vie et de chaque parcours. C’est tout le propos de ce recueil qui éclaire sur ce que l’Institut Louis Germain représente aux yeux de ses élèves et ce qu’il leur apporte sur le chemin de l’excellence et de la réussite.

Portraits d'élèves et témoignages d'anciens

Les orateurs se succèdent au micro. L’ancien ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, insiste sur l’esprit de gratitude et de transmission, mais aussi sur l’efficacité des petits effectifs et la place centrale donnée aux savoirs fondamentaux dans les cours de l’Institut Louis Germain.

Julien Puel rappelle la genèse de l’Institut Louis Germain en parodiant Michel Audiard : 

L’égalité des chances, c’est comme la Sainte Vierge. Si on ne la voit pas de temps en temps, le doute s’installe.

Une citation détournée qui fait écho à deux chiffres accablants : 6 % des élèves des classes préparatoires et 2 % des élèves des écoles normales supérieures ont des parents ouvriers ou employés. Le fondateur de l’Institut Louis Germain cite également Marc Bloch dans L’étrange défaite : « Il est bon qu’il y ait des hérétiques. » Car l’hérésie questionne et bouscule les dogmes. À l’image des chefs d’établissements rencontrés il y a dix ans dans les quartiers Nord de Marseille : 

Des principaux de collèges qui pensaient qu’il pouvait être opportun de travailler avec une association s’inspirant de l’esprit des hussards noirs de la République, nullement choqués par un discours portant sur l’excellence, la rigueur, la transmission et l’exigence. Et convaincus que lire Kant, Tolstoï, Steinbeck ou Gide était une chance pour des élèves scolarisés en REP+. 

Les Rencontres de l'Excellence

Jean-Jacques Grousseau, le maire d’Athis-Mons, dont tous les collèges font, depuis trois ans, partie du dispositif, insiste sur l’importance de créer, dans les quartiers populaires, de nouveaux modèles de réussite qui tranchent avec ceux des influenceurs ou des sportifs : « On réhabilite le mérite. On réapprend à des enfants que c’est par le travail à l’école qu’on peut devenir quelqu’un. » Il invite également chacun à monter dans un bus, à l’aube, afin d’accompagner les collégiens athégiens en route pour une journée de campus. 

Certains ont un bouquin en main. Passer du temps avec eux et échanger sur leurs lectures, les entendre parler de Zola, de Giono, de Hannah Arendt, ça réconforte.

Rodrigue Coutouly, qui a passé trente-cinq ans dans les quartiers Nord de Marseille comme enseignant et chef d’établissement, déplore l’absence d’une véritable égalité des chances et rappelle ce qui fait la spécificité de l’Institut Louis Germain : « On travaille sur les fondamentaux de la connaissance pendant vingt jours par an, pendant sept ans soit 140 jours, une année supplémentaire. »

Moina Fatima, dix-sept ans, qui intégrera une première année de médecine en septembre, explique combien la culture du travail inculquée par l’Institut Louis Germain pendant six ans et les conférences auxquelles elle a assisté (histoire de l’art, astrophysique, philosophie, conseils en orientation) ont nourri ses ambitions de future médecin-urgentiste. Fayma Youssouf, elle, s’apprête à entrer en première année de prépa scientifique au lycée Thiers de Marseille. Mais elle ne dédaigne pas la compagnie des grands auteurs : 

J’ai appris à aimer lire.

Jean-Mathieu Cadoret, professeur de philosophie au lycée et en Humanités dans l’équipe de professeurs du tutorat d’excellence, souligne la place centrale de la maîtrise de la langue dans le projet pédagogique de l’Institut Louis Germain. Morgan Adou, professeur de faculté et chercheur en philosophie, rappelle qu’à l’Institut Louis Germain, « on vient pour travailler », et que ce travail, qui vient compléter celui réalisé par les équipes de l’Éducation Nationale, paye. « À l’Institut Louis Germain, j’ai aussi pu devenir aussi un meilleur enseignant au contact d’élèves comme Moina ou Fayma en essayant de les aider à progresser rapidement et significativement sur le plan académique », ajoute-t-il après avoir décortiqué la journée type d’un élève : « Arrivée à 9h, 3h de cours, 1h de conférence en astrophysique, manger, 40 minutes de club d’échecs, 3h de cours, 1h de conférence sur Parcoursup, rentrer à la maison, faire les devoirs et revenir le lendemain. » Et ils le font. Ils sont là le lendemain. Comme Salah Khamassi qui y a passé cinq ans et réalise un master en double diplôme à HEC et Sciences Po Paris. Il évoque le rôle de l’Institut Louis Germain dans son parcours : 

J’ai toujours eu cette soif de culture mais aucun verre pour l’étancher. J’ai toujours eu cette envie de réussir mais aucune boussole pour me guider. Deux éléments que l’Institut Louis Germain m’a apportés.

Ç’en est fini des discours. M. Puel remonte sur l’estrade pour clôturer le spectacle en annonçant une grande première. De façon souveraine, discrétionnaire et irrévocable, il crée le premier corps diplomatique associatif mondial. Devant un public ébahi, il élève à la dignité d’ambassadeur certaines personnes présentes dans la salle, qui se sont déjà distinguées pour ce qu’elles ont fait pour l’Institut Louis Germain. Les ambassadeurs fraîchement nommés le rejoignent sur scène sous un tonnerre d’applaudissements.  

Ils devront porter haut et loin les valeurs d’excellence de l’Institut Louis Germain, en faire valoir l’action, la défendre et la promouvoir.

« C’est un peu ce que je fais déjà. J’en parle beaucoup chez Morgan Stanley où je suis en stage », sourit Ayman Khamassi, le frère de Salah, son titre d’ambassadeur en main. Il revient régulièrement à Marseille pour raconter son parcours devant les élèves de l’Institut Louis Germain. « Ils se reconnaissent en nous, donc c’est plus facile de les toucher. Et moi, ça me fait plaisir de rencontrer la nouvelle génération. » Une motivation partagée par un autre membre du tout nouveau corps diplomatique : « Ça me touche. L’Institut Louis Germain nous donne beaucoup. Ça va être une manière de lui rendre la pareille », confie Alan Idjahnine. Quant à Claire Sebahoun, professeur en Humanités et désormais ambassadrice de son état, elle se dit « extrêmement honorée et impatiente de faire rayonner l’action de l’Institut Louis Germain le plus loin possible. » Un autre ambassadeur, Pierre Morel, consultant chez Velvet Consulting, un cabinet de conseil qui accompagne l’Institut Louis Germain en donnant bénévolement des heures de travail, se réjouit de sa nomination : « Travailler pour l’Institut Louis Germain, ça donne du sens. On le comprend en écoutant les témoignages des élèves. »

Les Rencontres de l'Excellence

Des élèves, Alain Billiard en a vu défiler. Ce professeur de mathématiques, désormais ambassadeur, a participé aux 51 campus de l’Institut Louis Germain, d’Avignon à Créteil : 

Que de chemin parcouru en dix ans. Et j’apprends que l’Institut Louis Germain vise désormais l’objectif d’accompagner 3 000 élèves. C’est formidable !

Un enthousiasme partagé par Bruno, futur retraité des arts et métiers, qui a découvert l’association grâce à un post LinkedIn : « Le positionnement de l’Institut Louis Germain résonne avec mon parcours. Je viens d’un milieu ouvrier et j’aurais aimé avoir plus vite accès à la culture. » 

Julien Puel, les élèves de l'Institut Louis Germain et leurs familles

La température commence à baisser et certains en profitent pour boire un verre, au frais, dans la cour de l’Hôtel de la Bûcherie. Ahmed est venu un peu par hasard, mais il ne regrette pas sa soirée : « Je viens d’un quartier pas facile. C’est bien de voir des gens qui réussissent malgré les difficultés. Les profs ont un grand rôle. »

Plus d’une centaine de livres ont trouvé preneur. La plupart des invités ont regagné leurs pénates. Avant de prendre leur roue, Rodrigue Coutouly détaille sa feuille de route : « Au-delà de ma fonction de Président du Conseil d’Administration, je me fixe deux missions : convaincre les cadres et les professeurs de l’Éducation Nationale de l’utilité de l’Institut Louis Germain ; certains le sont déjà. Et accompagner davantage les parents, car il y a une demande énorme sur comment bien faire son boulot de parent, en particulier dans les REP. » 

Les Rencontres de l'Excellence

Après avoir fait défiler les petits fours toute la soirée, la sympathique brigade de serveurs commence à ranger la salle. Cendrine Nazos, responsable des programmes et des partenariats du Philanthro-Lab, est encore là. Celle qui a accompagné l’Institut Louis Germain et Julien Puel dans le cadre d’un de ses programmes d’accélération a le sourire. « Issue d’un milieu modeste, étudiante à Sciences Po, je rêvais de devenir ambassadrice. C’est chose faite grâce à l’Institut Louis Germain. »

S’il y a quelque chose à retenir de cette cinquième édition des Rencontres de l’Excellence, c’est peut-être ça : l’Institut Louis Germain est un lieu où les rêves peuvent devenir réalité.